Elle avait failli rater le chemin de terre, caché au bord de la route étroite entre les arbres du bosquet. Elle essaya de se rappeler depuis combien de temps elle n’était pas venue dans la petite maison de ses arrière-grand-parents. Sept ou huit ans se dit-elle. Ou peut-être bien dix ans. Le passage dans le sous-bois s’ouvrit tout à coup sur l’étroite vallée encaissée, les prés couverts de hautes herbes et le petit ruisseau, lieu de tout ses jeux d’enfants, qui s’écoulait tranquillement jusqu’au bosquet suivant. Lorsqu’elle entra dans la maison et ouvrit fenêtres et volets sur le paysage disparaissant avec le soleil du soir, un sentiment inédit l’envahit; un sentiment d’appartenance, d’apaisement, de mélancolie teintée de tristesse. Elle rangea les courses dans le cellier, seule autre pièce de la maison, et s’allongea sur la banquette, inspirant à plein nez les arômes de la pièce et les senteurs se faufilant par les fenêtres. Elle s’endormit aussitôt, sans pensées. Le lendemain matin, après un petit déjeuner rapide, elle s’employa à dépoussiérer les meubles, aérer les tissus, avec une énergie qu’elle n’avait pas éprouvée depuis longtemps. Elle avait encore deux jours à passer seule avant que ses amis n’arrivent pour le week-end. En y pensant elle se mordit les lèvres: elle n’avait soudain plus envie de partager ce lieu avec des étrangers à son enfance, à ses souvenirs. Elle chassa cette pensée d’un mouvement de la main, agrippa une couverture, un livre et descendit vers l’ombre du bosquet, près du ruisseau.
Elle fut réveillée soudain par une sensation de chaud sur son front: elle avait du s’endormir à l’ombre un long moment, la lumière du soleil la recouvrait maintenant entièrement. En se tournant, elle eu un mouvement de surprise : une tête émergeait, dos à elle, à une petite distance, semblant flotter entre les herbes folles. Elle reprit doucement ses esprits et se souvint qu’à cette courbure du ruisseau, le terrain s’arrêtait brusquement et surplombait d’hauteur d’homme une petite crique. En y pensant, elle sourit. Cela leur paraissaient tellement haut, quand petits, ils se défiaient entre cousins à sauter vers le ruisseau. Elle observa un court instant la tête flottante, sans oser faire le moindre bruit. Les cheveux étaient courts, et la nuque, gracile, décrivait une courbe harmonieuse jusqu’au début des épaules. Des petites taches de soleil parsemaient les cheveux, créant un reflet doré presque aveuglant. Une légère décharge électrique lui parcourut le corps des pieds à la tête, elle n’arriva pas à déterminer pourquoi.
– Bonjour.
La tête se tourna, laissant place au visage fin et souriant d’une jeune femme, la trentaine, la peau tannée d’une vie passée en plein air, les yeux noirs scintillants d’une joie paisible.
– Ah bonjour, je ne voulais pas vous réveiller, mais je crois que le soleil l’a fait pour moi, dit-elle, en mettant sa main au-dessus de ses yeux. Elle chuchotait presque.
– Regardez, une renarde et ses petits. Elle leva doucement le bras en direction d’un talus, un quinzaine de mètres plus bas. Une renarde léchait un de ses renardeaux et les autres jouaient entre eux, jappant, encore maladroits dans leurs jeux et leurs mouvements. Jane s’était approchée à plat ventre sans bruit du bord du terrain et posa sa tête sur ses bras croisés, tout en continuant d’observer le manège de la mère et de ses petits. La tête flottante avait maintenant un corps, et Jane pouvait sentir son odeur, un mélange d’herbe et de soleil, et elle sentit un petit pincement dans sa poitrine. Elles regardèrent encore un moment, osant à peine respirer, les jeux des renardeaux sous l’oeil attentif de la renarde, jusqu’à ce que l’un des petits effectue une chute si comique, qu’elles ne purent s’empêcher d’étouffer un rire. La renarde se redressa aussitôt, poussa ses petits dans un renfoncement qui semblaient être l’entrée de leur terrier et en quelques secondes, ils avaient disparu. La tête se tourna de nouveau vers Jane, et elle sentit le souffle sur son coude ce qui ne manqua pas de la faire frissonner.
– Au fait moi, c’est Luce, et tu es? Elle lui tendit la main lui offrant la vue sur ses seins ronds, laissés libres dans un débardeur légèrement déformé d’être trop porté.
– Luce… Je veux dire, moi, c’est Jane. Elle se sentit rougir et passa sa main dans ses cheveux, embarrassée. Luce sourit et ses yeux brillèrent de plus belle.
– Ah oui, Jane. Il me semblait avoir vu une voiture sur le petit chemin hier. On peut le voir depuis notre maison. Tu restes pour quelques jours?
– Oui, des amis viennent pour le week-end, puis j’en profite encore quelques jours toute seule. Luce était remontée en un mouvement souple sur le talus, et Jane se sentait légèrement intimidée par sa présence et ses yeux qui semblaient la mettre à nue à chaque seconde. Elles commencèrent à remonter le pré en longeant la rivière.
– En tout cas, si tu as envie de compagnie ce soir, on t’invite à la maison, si tu veux. On aura une anecdote à raconter!
Jane ne savait pas à quoi elle faisait allusion, mais elle opina d’un léger mouvement de tête.
– A tout à l’heure, alors? il faut que j’y aille, là.
– A tout à l’heure.
Jane se retourna en direction de là où elles étaient venues et soudain repartit en courant vers Luce.
– Attends Luce, c’est où chez toi? Tu veux que j’apporte quelque chose pour ce soir?
Dans sa précipitation, elle s’était cognée contre Luce et lui avait agrippé le poignet. Sa peau se cribla de chair poule et la proximité de leurs corps lui devint presque immédiatement insupportable. Elle sentit son coeur battre dans son sexe, et eut soudain très chaud, son corps comme vibrant à une fréquence élevée, et chaque seconde semblait s’écouler si lentement, qu’elle pouvait voir les cils de Luce battre au ralenti. Luce leva doucement les yeux vers elle, et avec une pointe de déception dans la voix, lui demanda d’une voix douce:
– Tu ne te souviens donc de rien.
Jane eu un moment de vertige. La fête votive. Le retour jusqu’à la grande ferme. La nuit dans le grenier. Et le matin. Et…
– Je…
– Chut…
Luce caressa doucement son visage avec sa main puis avec ses lèvres, frôlant ses yeux, sa bouche, sa nuque, remonta jusqu’à son oreille.
– Moi, je n’ai pas oublié, lui chuchota-t-elle. Jane était comme pétrifiée, submergée par la chaleur de son sexe, la ciprine commençant à inonder sa culotte, ses tétons se raidissant à mesure que les caresses de Luce se transformaient en baisers. Ses jambes cédèrent sous elle et Luce accompagna sa lente chute, tout en caressant ses seins, pointant vers le ciel. Lorsqu’elle approcha sa langue du têton, Jane ne put étouffer un râle, et dit, dans souffle – Si, je me souviens. Le corps chaud de Luce était tout contre elle, sa cuisse pressant doucement son sexe qui était maintenant plus qu’humide. Luce dégrafa le short et passa rapidement sa main sous la culotte, avant de lui enlever prestement l’ensemble. L’herbe rêche piquait les fesses de Jane, mais cela ne faisait que rajouter à son excitation. Elle enfonça les doigts dans la terre, ficha des épines sous ses ongles. Luce lui embrassait maintenant le bas ventre, tout en lui tenant le sein fermement dans la main. Lorsque Luce écarta de l’autre main les lèvres de son sexe et y posa sa langue, Jane poussa un petit cri. Son corps entier était devenu sensible et chaque contact avec le corps de Luce l’envoyait un peu plus haut dans l’extase. Au bout de quelques coups de langue, Luce posa un doigt sur son clitoris et Jane jouit si fort que son hurlement résonna encore longtemps dans la vallée.
A suivre…