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[…] Nous ne voyons pas les signes qui s’annoncent. Ou plutôt, nous ne les regardons pas, nous ne voulons pas les voir, relier les éléments ensemble. Comme ces juifs assimilés en Allemagne, au début des années 20. « Ce sont des fous, ils ne pourront jamais nous faire du mal. » [Une bande d’illuminés qui retournera vite au néant d’où ils sont apparus, du trou béant de haine dont ils sont venus]. Connaissons notre Histoire pour ne pas nous laisser dicter/[posséder] par elle. Les éléments sont pourtant là. Lorsque nous euphémisons les fascismes, par exemple, en les appelant « alt-right », « néo-libéralisme », etc. Nous enlevons le poids de l’Histoire que le mot fascisme porte en lui. [Ce n’est pas le mot qu’il faudrait changer, mais sa définition qu’il faudrait réactualiser. Y inclure tout ce que notre système économique porte de fasciste en lui pour mener inéluctablement vers le fascisme total.] Criminalisation d’une frange de la population. Soutien médiatique important, absence de contre-pouvoir médiatique. Orientation des discours, choix répétés de mots et de formules, insidieuses, inductives, qui deviennent vocabulaire de propagande, slogans, injonctions. Le « Capital » est même une affaire de Santé, de Culture. Nos relations intimes sont des « investissements » sur lesquels nous attendons des « retours ». Contrôle de faits et gestes par des instances administratives déshumanisées.
Ce sont les pauvres, les assisté.e.s, les fraudeurs et profiteurs de miettes le problème de nos sociétés occidentales, voit-on partout écrit, lu, répété, montré. Le pauvre est le nouveau Jude.
[Qui maitrise le discours ne se fait pas regarder. Il suffit de détourner l’attention, vers une autre peur de l’espèce humaine, de celle qu’elle n’arrive pas à dépasser, et ils sont tranquilles pour un bon moment. Aucun scandale ne sera jamais aussi fort que le discours qui s’adresse à nos tripes, celui qui s’adresse à notre peur viscérale de l’altérité, la peur de n’appartenir nulle part. Si les intestins sont le deuxième cerveau, il suffit alors de maitriser nos tripes pour nous faire avaler n’importe quelle analyse sociétale]. […]